Daronnes, donner la parole

  • Type de livres : essais féministes
  • Localisation : Villejuif, Saint-Denis, Bruxelles
  • Année de création : 2020
  • Diffusion : Hobo

Rencontre avec Juliette et Coline.

Pourquoi éditer ?

« Pourquoi on ne ferait pas nous-mêmes les livres qu’on aurait envie de voir ? » C’est ainsi que Juliette et Coline ont créé les éditions Daronnes. « On s’est lancées sans se poser de questions ! »

Elles démarchent « au culot », munies des compétences techniques de Juliette, graphiste, de l’expérience d’autrice de Coline et de leurs bagages politiques respectifs : « On n’a pas de codes, on fait les choses comme on les ressent. »

Et ça marche : « C’est des histoires un peu incroyables à chaque fois, on va voir les personnes pour leur proposer de faire de livres avec nous, et elles disent oui. C’est ce qui s’est passé avec Marie Dasylva. »

On n’a pas de codes, on fait les choses comme on les ressent.

Marie Dasylva, créatrice d’une agence « d’empowerment et de stratégie dédiée aux femmes racisées et leurs problématiques professionnelles », est entre autres derrière le podcast Better Call Marie. Pour Daronnes, elle s’est mise à l’écriture.

Une démarche qui conforte les éditrices dans le choix de leur nouveau rôle où l’accent est mis sur l’accompagnement totalement personnalisé des autrices. « On donne toujours la parole aux mêmes, celles qui ont bac +5 et savent déjà écrire, mais cela supprime beaucoup de voix. »

Faire écrire quelqu’un qui n’a jamais écrit est un vrai travail qui en vaut la chandelle : ici, on ne publie pas de lisse ni de conforme, mais des textes au plus près du monde et de la réalité des luttes féministes, qui ont une idée politique à faire passer avec leurs propres mots.

Construire des imaginaires

La ligne éditoriale ? Faire un pont entre le féminisme mainstream et les textes théoriques ardus. Un créneau qui a intéressé beaucoup de gens : « On a reçu énormément de manuscrits alors qu’on n’avait encore rien publié, c’était impressionnant ! »

Un engouement qui vient aussi des valeurs prônées et mises en pratique : outre les engagements partagés par leur diffuseur Hobo, qui ne vend pas de livres sur Amazon par exemple, leurs contrats suivent principalement le modèle proposé par la Ligue des Auteurs pro.

Pour l’instant encore petite, Daronnes est une coopérative : toutes les participantes auront une part sociale de l’entreprise et participeront à l’orientation et à la gestion de la maison.

La poésie participe au combat féministe de la même façon qu’un essai car on a aussi besoin de construire des imaginaires

Au milieu des essais seront accueillis des fictions, du théâtre, des contes illustrés. « La poésie participe au combat féministe de la même façon qu’un essai car on a aussi besoin de construire des imaginaires qui sortent de la ligne patriarcale habituelle. »

Domestiquées de Sarah Pèpe est une pièce de théâtre qui se lit comme de la poésie. Ce manuscrit reçu par mail « nous a pris aux tripes », racontent les éditrices. Il livre le quasi monologue d’une femme à travers toutes les pièces de la maison et les injonctions qu’elle reçoit : s’occuper des enfants, des tâches ménagères, rester mince et sexy pour son mari… Une to-do list infinie qui monte en puissance jusqu’à ce qu’elle n’en puisse plus. Un texte très intime qui donne une autre dimension aux écrits sur la charge mentale.

La pièce a été jouée au We Too festival en septembre dernier.


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