Premiers matins de novembre, faire fleurir les luttes

Premiers matins de novembre

  • Typologie : essais militants
  • Création : 2017
  • Localisation : Toulouse et Paris
  • Distribution : Hobo/Makassar

Pourquoi éditer ?

« Je viens du monde militant et pas du milieu de l’édition », commence Assia. La volonté d’éditer est d’abord passé par des traductions de brochures de textes théoriques qui lui semblaient importants, ou des diffusions d’anciens textes français tombés dans l’oubli, particulièrement ceux issus de personnes non-blanches. Éclairer les luttes contemporaines à la lumière des combats passés, c’est ce que vont proposer les Premiers Matins de Novembre.

éclairer les luttes contemporaines à la lumière des combats passés

La maison d’édition répond à un besoin d’outillage politique et une envie de créer une filiation historique. Le premier livre est un recueil de Mohamed Boudia, militant du FNL puis pour la libération de la Palestine. La ligne éditoriale se positionne comme fermement anti-impéraliste, antiraciste et décoloniale. Mais il ne s’agit pas de commenter les luttes ni de les accompagner, mais bien de créer des outils émergeant des espaces de lutte eux-mêmes.


Des livres comme des clés à molette

Née de parents marocains arrivés en France dans les années 1970 sans savoir lire ni écrire français, Assia conserve un « rapport de fascination » envers le livre, emblème d’une culture sacralisée. Pour autant, elle souhaite continuer à se situer dans le milieu militant et non dans le milieu éditorial : « Le pire qui pourrait arriver aux bouquins de PMN, c’est qu’ils soient placés dans une bibliothèque et que ce soit la fin. »

le pire qui pourrait arriver aux bouquins de PMN, c’est qu’ils soient placés dans une bibliothèque et que ce soit la fin

Ses livres doivent pouvoir éclairer des luttes concrètes et être utilisés par des organisations. Si les questions politiques sont parfois pointues, les textes ont pour vocation d’être accessibles et compréhensibles pour le plus grand nombre. Systématiquement accompagnés de préfaces, ils sont d’emblée discutés, contextualisés, mis en perspective.

Nommées en référence à la Révolution algérienne du 1er novembre 1954 contre la colonisation française, les Premiers Matins de Novembre s’emparent ainsi notamment des questions des luttes armées anti-impérialistes dans leur nouvelle collection, intitulée « Au bout du fusil ».


Arrête-toi !, les séquelles derrière la Une

Un livre particulièrement représentatif de l’état d’esprit de la maison est Arrête-toi ! de Makan Kebe. Un récit des violences policières dont lui et sa famille sont victimes en 2013 à Villemonble : sa mère finit éborgnée par un tir de LBD.

Dans les récits de violences policières qui commencent à voir le jour, on décrit l’acte de basculement et le procès. Ce livre permet de voir l’effet au long cours des violences policières sur l’ensemble de la famille, leurs conséquences sur les santés physiques et mentales, sur les liens familiaux et sociaux.

Un exutoire pour raconter l’ensemble de l’histoire, faire son deuil et trouver un sens à ces violences. Raconter les solidarités, aussi. La victoire n’est pas le procès mais d’apporter sa force à d’autres familles impliquées. Le livre est préfacé par Assa Traoré.

comment faire émerger les témoignages de celles et ceux qui sont privés de voix ?

L’écriture de Arrête-toi !, cosigné par la journaliste Amanda Jacquel, est également représentative de l’enjeu des éditions PMN. Comment faire émerger les témoignages de personnes n’ayant pas elles-mêmes les outils, comment les accompagner afin d’inscrire leurs voix parmi les autres ?

Un travail primordial aussi évoqué dans Mois impair par les éditions Daronnes.

Couverture du livre Arrête-toi ! de Makan Kebe, co-écrit avec Amanda Jacquel.

Arrête-toi ! de Makan Kebe, co-écrit avec Amanda Jacquel, 2021.


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