Dangereuses lectrices

Entretien avec Julie, co-présidente du festival littéraire féministe Dangereuses lectrices.

C’est quoi ?

Le festival Dangereuses lectrices c’est, depuis 2018, une rencontre littéraire et féministe à Rennes sur un weekend d’automne, aux Ateliers du vent. Un événément thématique encore rare en France.

Au gré des thématiques (sorcellerie, alimentation, coeur et même cul !), le festival invite les autrices du moment et propose tables rondes, lectures, ateliers d’écriture et de créations, expositions et spectacles.

Un village associatif permet de rencontrer des associations locales : selon les éditions, HF Bretagne, le Planning familial, la Bibliothèque féministe, Les Pétrolettes ou encore Musé·e·s !

C’est qui ?

Né d’une rencontre sur les cours du roller derby de Rennes, Dangereuses lectrices se compose d’une équipe entièrement féminine, y compris la technique et la régie, avec une organisation bénévole de 7 personnes sur l’année, accompagnée de 20 à 30 paires de bras supplémentaires pendant le temps du festival. Un beau challenge.

« À chaque fin de festival, on est hyper fières d’avoir mené la barque jusqu’au bout ! » sourit Julie, l’une des co-présidentes de l’association.

C’est fait comment ?

Complet chaque année, le festival attire environ 1 000 festivaliers et festivalières sur le weekend (hors édition Covid avec jauges limitées). Un succès dès la première édition, et qui continue : « En 2022, les pass weekends sont partis en une demi-heure » !

« On est toujours étonnées du succès », réagit Julie. C’est « une grande surprise mais aussi un grand bonheur ». Pas de baisse d’affluence suite à l’ouverture d’une billetterie pour favoriser la planification du budget, des bénévoles et un public qui reviennent fidèlement, Dangereuses lectrices a tout de suite trouvé sa place dans le paysage rennais.

Une grande surprise mais aussi un grand bonheur.

Avec un budget de 15 000 €, qui comprend les dons, les adhésions des bénévoles, la vente de produits dérivés, la billetterie (pour un petit quart), et principalement des subventions de la région, du département, de la ville et de la Sofia, et une équipe permanente de sept, Dangereuses lectrices mise sur la stabilité : garder le même lieu et le même format.

« On veut rester un festival à taille humaine », souligne Julie, évoquant l’autonomie organisationnelle mais aussi le climat chaleureux que cette échelle leur permet. Développer le mécénat serait une piste supplémentaire, mais difficile de trouver des entreprises assez grandes qui collent aux valeurs du festival.

Affiche 2023 de Dangereuses lectrices

Un festival sur le féminisme ou un festival féministe ?

Les structures et événements engagés ne pratiquent pas toujours ce qu’ils prêchent. Comment ça se passe chez Dangereuses lectrices ?

« Coller à ce qu’on programme même dans le privé » est la ligne suivie : les modes de fonctionnement sont relativement horizontaux, avec des thématiques décidées collectivement et une attention envers les contraintes des unes et des autres.

Toutes les autrices professionnelles sont rémunérées selon les recommandations tarifaires de la charte des auteurs et illustrateurs.

Enfin, le festival garde à l’esprit son souci de représentativité : ne pas programmer que des intervenantes blanches hétérosexuelles, présenter des autrices un peu moins invitées dans les médias, tout en collant à l’actualité littéraire. « C’est jamais assez mais on essaie vraiment de s’améliorer », reconnaît Julie.

Pour la suite

Sans changer de taille pendant le weekend dédié, Dangereuses lectrices pourrait à l’avenir proposer des actions culturelles pendant l’année !

L’équipe réfléchit à des interventions suite à des demandes de collectivités, par exemple dans les lycées, pour aborder des sujets de société par le biais de la littérature. « Le livre est un objet support à la discussion, qui permet de se décentrer pour parler de soi », explique Julie.

Pour suivre tout ça, rendez-vous sur le site du festival !